Les buts d’un l’objectif
Adam Kiss Président du Conseil Scientifique de Psychologues du Monde
Bien mieux que l’invocation de « grands auteurs » (dont la grandeur perçue varie au gré des modes), nous pouvons nous en tenir à un pragmatisme prudent. Nous nous doutons qu’en psychologie autant (et même un peu plus) qu’ailleurs, il n’y a pas de vérité absolue, mais des connaissances « utiles » et des hypothèses falsifiables.
C’est dire que, si nous voulons servir ceux qui nous consultent et les sciences humaines, il importe de fixer l’objectif précis, théorique et pratique, de nos interventions.
- 1° parce que l’objectif défini seul permet de déterminer des critères qui mesurent la réussite et l’échec d’une action, d’en rendre compte à tout intéressé et de l’ouvrir à leur critique ;
- 2° parce qu’ainsi peuvent se dessiner les limites de ce que nous avons atteint, donc ce qui en constitue l’avenir de notre point de vue et, peut-être surtout, du point de vue d’autres, notamment de ceux qui ne partagent pas nos préjugés.
A l’intérieur de notre culture, je fais allusion au fait que des notions comme « équilibre psychique » et, à plus forte raison, comme « équilibre social » sont rarement prises en compte par les psychologues eux-mêmes et encore moins souvent discutées avec les autres intéressés.
A l’extérieur, parce que nos renseignements ont encore plus besoin d’information et de critique.
Tant en philosophie que dans les « sciences dures », c’est évident ou devrait l’être. Des anathèmes réciproques entre écoles de psychologues rivales et notre ignorance infatuée d’autres cultures rend cette position moins banale.
Mais en avons-nous les moyens ? Assurément, ce n’est pas la situation courante des psychologues européens. Pourtant, sans cette précaution, nous courons, et faisons courir, des risques inconsidérés.